Conférences : L’Etat et les banques, les dessous d’un hold-up historique
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Zaki et Chouard

Le 3 décembre 2011, la Fonderie Kugler a organisé la conférence/débat:  « L’Etat et les banques, les dessous d’un hold-up historique »
en partenariat avec le journal bimensuel la Cité

 

en présence de :

Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe du magazine Bilan, « L’État, otage du secteur financier »
Étienne Chouard, professeur d’Économie-Gestion à Marseille, chercheur indépendant, « Enjeux pour le peuple du contrôle public de l’État et de la banque »

Voir la conférence en vidéo et en entier sur Central Blog Info 

 

Myret Zaki :
« Effectivement je suis auteure de quelques livres assez critiques sur la dérive qu’ont connu les marchés financiers ces dernières années, parce que, ayant suivi depuis maintenant bientôt 15 ans l »évolution des marchés financiers, j’ai vu à quel point, ils jouent un rôle fondamental dans ce qu’on appelle actuellement la « crise ».
On est en « crise », n’est-ce pas et on ne sait pas vraiment pourquoi. Pourquoi maintenant? Par exemple, vous avez tous constaté que tout d’un coup, la Grèce était en crise. Est-ce que quelqu’un peut me dire, à son avis, qu’est-ce qui a déclenché la crise grecque? Pourquoi tout d’un coup c’est une énorme crise, depuis fin 2009, à peu près? Qu’est-ce qui a sonné l’alerte? Qu’est-ce qui a démarré tout ça?Si vous me dites : c’est l’endettement de la Grèce. Je vous répondrais : la Grèce est endettée au même niveau depuis des années. Alors pourquoi maintenant? Qui a décidé que c’est la crise?
(..)
Alors bonne piste: les conseils de Goldman Sachs auraient mis la Grèce en crise. Alors tout à fait d’accord. Tout a commencé par le fait que, fin 2009, les agences de notation ont dit que certains petits pays de la périphérie de l’Europe, dont la Grèce, leur taux d’endettement s’étaient un peu détériorés, c’est-à-dire qu’ils n’étaient pas satisfaisants et qu’il fallait qu’ils reprennent un peu en main leurs finances publiques. C’est tout. Donc les agences de notation n’ont pas dit que ce pays était en faillite. Elles ont simplement dit que dans les prochaines années, il faudrait que la Grèce essaie de tenir mieux son budget. D’accord? Ça c’est ce qui s’est passé fin 2009.
Qu’est-ce qui ensuite a vraiment déclenché la crise? C’est qu’il y a eu une réunion entre cinq Hedge Funds, c’est-à-dire entre cinq fonds spéculatifs américains, dans un restaurant à New-York, un journal américain a raconté cette histoire (Wall Street Journal), ce n’est pas du tout de la fiction; cinq fonds dont le fameux Georges Soros, celui qui a fait couler la banque d’Angleterre à l’époque et qui avait gagné deux milliards sur une opération où il avait dévalué la livre sterling, dans les années septante.
Alors ce fameux Soros avec quelques autres spéculateurs et raiders américains décident que, maintenant que la crise des subprimes américains est passées, il faut qu’ils trouvent une nouvelle proie pour se faire énormément d’argent.
C’était en février 2010 exactement dans un restaurant new-yorkais qui fait de très bon steak parait-il. Et ces gens-là ont décidé de manière concertée, et j’insiste sur ce mot, d’attaquer l’euro à travers d’abord la Grèce et ensuite tous les autres petits pays périphériques.
L’idée étant que si vous faites couler un petit pays comme la Grèce, il y aura effectivement un phénomène de panique sur les marchés qui fera que les autres pays voisins vont être contaminés si on veut, parce que les investisseurs vont vendre aussi leurs titres sur ce pays. Et que ces fameux spéculateurs vont pouvoir s’engraisser à l’infini sur, en réalité la faillite de la périphérie de l’Europe, voir de l’Europe entière. (…)