Monsieur le président, osez la Métropole du Grand Paris !
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SDRIF

Monsieur le président de la République, votre prédécesseur avait lancé une belle et séduisante idée baptisée alors Grand Paris – il en fit un Métro. Soyez celui qui entrera de plain-pied dans le XXIe siècle, créez la Métropole ! Depuis 50 ans, la situation n’a pas changé, les déséquilibres s’accroissent : Paris concentre la majorité des emplois, des richesses et des services ; les Hauts-de-Seine captent la rente produite par l’îlot financier de la Défense ; la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne encaissent la désindustrialisation et gèrent les populations fragiles. Trop nombreux sont ceux qui jour après jour doivent s’éloigner pour survivre et subissent de façon conjointe exclusion sociale et géographique, chômage, précarité énergétique, déficit de services publics… Le résultat est connu : crise du logement, saturation des transports, stress, périurbanisation galopante, absence de solidarité, mal-être…

Dès votre élection, vous avez déclaré faire confiance aux élu(e)s pour résoudre ces problèmes qui structurent le cœur de la région Ile-de-France et faire avancer réellement la création d’une métropole durable, solidaire et écologique. Six mois plus tard, nous craignons une victoire de l’immobilisme dominant.

Dans tous les domaines, la situation est mauvaise car la gouvernance est dépassée, voire défaillante, jamais écologique : l’eau est source d’affrontements et de gâchis dans sa production, sa distribution, ou son assainissement ; l’air et sa pollution liée à l’automobile n’obéissent qu’à des logiques locales et transforment l’agglomération en une vaste zone irrespirable avec ses conséquences sur la santé ; la gestion des déchets est laissée à l’appréciation de chaque commune ; la biodiversité gravement atteinte, à la merci de chaque nouvelle urbanisation ; la dépendance énergétique quasi totale au nucléaire pour une électricité de plus en plus chère dont la consommation augmente face à de très rares projets, isolés, de production d’énergie renouvelable ; une couverture très inégale en fibre optique soumise au bon vouloir des opérateurs ; des projets de transports en communs à la merci d’un maire décidé à en interdire le passage sur « son » territoire au détriment de l’intérêt général ; l’offre de logement qui ne suit plus depuis longtemps avec un parc ancien énergétivore ; et toujours, une production de CO2 galopante défiant les objectifs français de lutte contre le réchauffement climatique.

Les territoires français sont à la recherche de mécanismes de gouvernance contemporains.

Partout où les agglomérations sont devenues majeures, elles provoquent le même conflit. Les régions, déjà si petites à l’échelle européenne, se sentent menacées, prises en étau entre l’État et la montée en puissance de l’intercommunalité.  Il est temps d’oser un attelage moderne confortant de grandes régions comme l’Ile-de-France, englobant des métropoles fortes interagissant de façon dynamique avec les territoires périurbains et ruraux vigoureux. A cet effet, la complétude des intercommunalités sur la base de projets stratégiques cohérents doit être effectuée dans les meilleurs délais.

En Ile-de-France, monsieur le Président, une simple évolution de Paris Métropole en pôle métropolitain ne suffira pas pour franchir l’étape que les citoyens attendent. La défense d’intérêts locaux peut gangréner le processus et scléroser la situation. Il faut oser une organisation institutionnelle nouvelle, support d’une gouvernance démocratique, écologique et décentralisée efficace.

L’élection au suffrage universel direct d’un conseil métropolitain donnera une légitimité politique, une visibilité et un sentiment d’appartenance à la collectivité. Son périmètre comprendrait au minimum les quatre départements centraux: Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne.

L’équilibre des pouvoirs s’articulerait autour de trois piliers.

Une conseil métropolitain serait composé de conseillers métropolitains élus au scrutin proportionnel, et de représentants des territoires. Ses compétences seraient particulièrement étendues. Le principe de double majorité qualifiée permettrait de respecter les territoires sans possibilité de blocage des projets structurants conformes à l’intérêt général.

Une conférence des communes: à travers elle, chaque commune, véritable repère démocratique pour les citoyens, conserverait ainsi sa capacité à relayer les demandes et les suggestions au niveau métropolitain. Chaque commune et arrondissement bénéficierait d’une dotation budgétaire lui garantissant une liberté d’investissement pour des projets à vocation locale.

Un conseil du développement durable, regroupant les diverses composantes de la société (associations, ONG, syndicats, éducation, entreprises, etc.), émettra un avis sur les décisions du conseil métropolitain au regard de la nécessaire transformation écologique du territoire. Assumant un rôle de conseil et de contrôle, il pourrait également inscrire un point à l’ordre du jour du conseil.

Monsieur le Président, le débat ne peut plus rester confiné entre maires, présidents de conseil généraux et régionaux et gouvernement ! Comme le montrent les débats autour du « livre vert », des voix s’élèvent de toute part, parmi les citoyens pour qui l’affaire est entendue : égalité des territoires, logement, justice fiscale, proximité de l’emploi et des transports, gouvernance claire, efficace, démocratique et écologique ! Le sentiment d’appartenance à la métropole capitale est sans doute la chose la mieux partagée. Donnons la parole largement et organisons le débat. Osez présenter un projet novateur, audacieux, porteur d’un projet collectif, solidaire et durable.

Monsieur le Président, en organisant un référendum citoyen au plan local sur ce projet, nul doute que vous aurez montré que le changement, c’est maintenant.

Par Laurence Abeille, députée du Val-de-Marne, Nadia Azoug, adjointe au maire de Pantin (Seine-Saint-Denis), Patrick Chaimovitch, adjoint au maire de Colombes (Hauts-de-Seine), Yves Contassot, conseiller de Paris, Claire Monod, conseillère régionale d’Ile-de-France, et Jean-Vincent Placé, sénateur de l’Essonne, tous élu(e)s EE-LV.