Un groupe à l’Assemblée pourra être coprésidé par un homme et une femme
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Barbara Pompili et François de Rugy

Un groupe politique à l’Assemblée nationale devrait pouvoir être coprésidé par un homme et une femme, ont voté jeudi les députés sur proposition des écologistes, a l’issue d’un vif débat où les députés se sont traités « d’enfants », de « jeune fille » ou de « vieil homme ». Cette modification du règlement de l’Assemblée, qui ne prévoit pour le moment qu’un seul titulaire pour présider un groupe, devra cependant être confirmée mardi prochain par un vote solennel pour être définitivement adoptée.

De fait, le groupe écologiste était déjà doté, depuis sa création en juillet, de deux coprésidents, Barbara Pompili et François de Rugy, mais au prix « d’un bricolage », selon leur expression: si politiquement cette dualité était acceptée, officiellement ils devaient alterner tous les six mois. Une fonction qu’aucune femme n’avait jamais exercée depuis la fondation de la Ve République en 1958, avant Mme Pompili, a rappelé cette dernière.

Présentée par les écologistes comme une avancée vers la parité entre hommes et femmes en politique, déjà en vigueur au Parlement européen et au Bundestag allemand, cette réforme a été vivement combattue par l’UMP, et soutenue, avec des réticences, par les socialistes. Front de gauche et UDI se sont abstenus.

« Une telle proposition est bien dans le style des écologistes et peut faire sourire, un peu comme les adultes peuvent sourire aux audaces d’un enfant », a déclaré le député UMP Lionel Tardy, qui a affirmé qu’elle était contraire à la loi organique régissant le fonctionnement du Parlement.

« Je ne me permettrais pas de vous traiter d’enfant, même si parfois les attitudes de certains membres de votre groupe ont pu confiner à l’enfantillage », lui a rétorqué Barbara Pompili. « Parlez pour vous, jeune fille! », a alors lancé le député UMP Jacques Myard, très remonté durant tout le débat. « Ca y est, la première phrase machiste est sortie… Devrais-je vous appeler vieil homme ? », lui a rétorqué Mme Pompili.

Au prix d’amendements précisant les conséquences pratiques de ce changement sur le fonctionnement de l’Assemblée, les écologistes ont pu lever les réserves des socialistes, qui avaient initialement voté contre au sein de la commission des Lois, dont le président, Jean-Jacques Urvoas, est resté réticent.

Si demain, un groupe parlementaire hétérogène regroupant des tendances opposées se dote de « deux coprésidents qui ne se mettent pas d’accord, il peut en résulter un blocage du fonctionnement de l’Assemblée », s’est inquiété M. Urvoas.

La centriste Sonia Lagarde, tout en soutenant le texte à titre personnel, a annoncé l’abstention de son groupe UDI, tandis que pour le Front de gauche Marc Dolez a émis la crainte que la coprésidence paritaire « ne serve de prétexte pour ne pas élire une femme » comme présidente unique d’un groupe.

Quant à Gilbert Collard, un des deux élus du FN avec Marion Maréchal-Le Pen, qui s’est aussi abstenu, il a lancé aux écologistes « qu’ils avaient beaucoup de chance d’être aussi nombreux avec si peu d’électeurs, alors que nous, nous ne sommes que deux, un homme et une femme, avec beaucoup plus d’électeurs ».

AFP – PARIS, 31 jan 2013