Aux premières heures de la matinée de ce vendredi 23 novembre d’importantes forces policières ont commencé à intervenir sur le site de Notre-Dame des Landes, afin de tenter d’évacuer les sites du Rosier, et de la Châtaigneraie. Des observateurs évoquent plus de 500 gendarmes face à quelques centaines de militants et d’agriculteurs.
EELV déplore cette triste vision du dialogue avec les citoyens, prenant le risque de l’affrontement, et illustrant une conception pour le moins étonnante de la « force du droit » où il y a plus de force que de droit.
Fidèle à son opposition tenace au projet mais déterminé tout à la fois à essayer de trouver une solution de sortie de crise, EELV a proposé la nomination d’un médiateur. À cet esprit de dialogue constructif, voilà donc la première réponse du gouvernement.
Jean-Philippe MAGNEN, Porte-parole national et Vice-président du Conseil régional Pays-de-la-Loire, sera sur place dès ce matin aux côtés des militants EELV.
Communiqué de presse Europe Écologie les Verts du 23 novembre 2012
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Notre-Dame-des-Landes: les squatteurs évacués six jours après la manif géante
Quelque 500 gendarmes menaient vendredi matin une opération d’expulsion des squatteurs réinstallés sur le site du futur aéroport contesté de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, moins d’une semaine après une manifestation géante de « réoccupation » de la zone.
« Ca attaque de partout! », a indiqué un opposant joint au téléphone tôt dans la matinée. Un correspondant de l’AFP a constaté la présence d’importantes forces de l’ordre arrivées à l’aube.
« Une importante opération est actuellement menée en plusieurs points » du site réservé à l’aéroport, a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, présent sur place. A 8h30, il n’y avait pas eu de heurts, selon lui, mais « on reste extrêmement prudents car chacun peut vérifier à quel point l’opposition radicale à l’aéroport a appelé à la violence ».
« Cette opération vise à évacuer trois sites occupés illégalement: Le Rosier, La Lande de Rohanne et la Châtaigneraie », a-t-il détaillé, ajoutant que « plus de 500 gendarmes sont mobilisés » pour permettre à l’aéroport du Grand Ouest de prendre ou reprendre possession des lieux et d’engager immédiatement des travaux de +déconstruction+ » des squats, « partout où cela sera légalement possible ».
« Les forces de l’ordre doivent franchir des tranchées, des barricades de plus de 2,5 mètres de haut dont certaines peut-être piégées d’engins artisanaux », a-t-il relevé.
La Châtaignerie et la Lande de Rohanne sont les lieux où les opposants avaient construit de nouvelles habitations samedi lors d’une manifestation qui a réuni entre 13.500 et 40.000 personnes.
Pour le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, il s’agit d’empêcher la constitution d’un « camp retranché ». « La ferme du Rosier va être expulsée et déconstruite », a-t-il ajouté.
« On va continuer »
« On va continuer, on ne fait que ça depuis six semaines, reconstruire après les démolitions », a indiqué à l’AFP Sophie, une occupante de la zone. « On reste sur notre chemin: dès qu’il y a expulsion, on réoccupe », a-t-elle insisté.
Les forces de l’ordre « sont partout au niveau du Rosier, où elles ont dit aux gens qu’ils avaient quarante minutes pour partir », a expliqué à l’AFP Christelle, une opposante habitant la « zone d’aménagement différé » (ZAD) de l’aéroport.
« Mais ils sont aussi au niveau des nouvelles constructions, où pourtant ils auraient dû faire une procédure juridique avant d’intervenir car elles n’étaient pas sur une parcelle expulsable », a-t-elle assuré.
« On a tous été pris par surprise », a témoigné Jérôme, un autre occupant de la ZAD, affirmant que les gendarmes étaient intervenus dès le début avec des lacrymogènes au pied des cabanes construites dans les arbres de la forêt de Rohanne.
L’opération d’expulsion a entraîné de vives réactions de responsables écologistes. « C’est désolant », a jugé le porte-parole national d’Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Philippe Magnen. « C’est la réponse à la mobilisation citoyenne de samedi dernier. Monsieur Hollande a invoqué la force du droit mais c’est la force qui répond », a-t-il estimé.
L’eurodéputé écologiste José Bové a appelé à « la mobilisation » face à l’intervention des forces de l’ordre, réclamant à l’Etat la mise en place d’une médiation.
M. Brandet a insisté sur « la détermination du ministère de l’Intérieur de faire respecter la loi et les décisions de justice, de prévenir les troubles à l’ordre public, et d’empêcher l’installation d’un camp pouvant servir de base de soutien aux opposants les plus radicaux, pour mener des actes de sabotage et des actions violentes sur le chantier de l’aéroport ».
Une nouvelle manifestation est prévue samedi à Nantes, la ville du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, fervent partisan du projet qui a cristallisé l’opposition de nombreux opposants à ce qu’ils appellent volontiers « l’Ayraultport ».
L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit remplacer celui de Nantes en 2017 et les premiers défrichements doivent débuter en janvier 2013.
AFP – NOTRE-DAME-DES-LANDES (France / Loire-Atlantique), 23 nov 2012 –10:31:45
Par Alexandra TURCAT
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Notre-Dame-des-Landes: l’Etat cherche à empêcher « un camp retranché » (préfet)
Les pouvoirs publics cherchent à empêcher la constitution d’un « camp retranché » à Notre-Dame-des-Landes, où 500 gendarmes intervenaient vendredi matin pour déloger les opposants au futur aéroport de Nantes, a expliqué le préfet de Loire-Atlantique.
« Cette opération consiste à empêcher la reconstitution d’un camp retranché. Il s’agissait de ne pas laisser fortifier ce genre de camp », a déclaré à l’AFP le préfet Christian de Lavernée.
L’intervention se concentre sur l’ouest de la zone d’aménagement différé (ZAD), réoccupée samedi dernier lors d’une manifestation qui a réuni entre 13.000 et 40.000 personnes. Environ 500 militants, qui seraient encore sur place, ont été encerclés à l’aube par autant de gendarmes.
« Aujourd’hui, la ferme du Rosier va être expulsée et déconstruite, ainsi que les cabanes dans les arbres du bois de Rohanne qui avaient déjà fait l’objet d’une expulsion il y a 15 jours, car c’est un cas de réoccupation », a annoncé le préfet.
Il a expliqué qu’un autre terrain, celui de la Chataigneraie, « ne fait pas encore l’objet d’une décision d’expulsion ». « Il est en cours d’expropriation et Aéroport du Grand Ouest (Vinci) en est déjà le nu-propriétaire, même s’il n’en a pas l’usage », a-t-il indiqué.
Les opposants au projet d’aéroport font valoir que le secteur visé vendredi par les forces de l’ordre est couvert par un accord passé en mai entre les propriétaires des terres et les collectivités locales pour suspendre les expulsions tant que les recours juridiques ne sont pas tranchés.
Mais pour le préfet, le code de l’urbanisme autorise à « mettre un coup d’arrêt à une construction illégale ».
La loi autorise le préfet à prendre par arrêté une injonction d’interruption de travaux qui permet la saisine des matériaux de construction et du matériel de chantier, a déclaré M. de Lavernée. « Parallèlement, Aéroport du Grand Ouest introduira dès lundi sur la base du code de l’urbanisme une demande en référé pour obtenir la démolition de ces constructions », a-t-il dit.
« En tout état de cause l’accord de mai 2012 suspendant les expulsions des occupants légaux à la fin des recours contre le projet d’aéroport concernait des personnes et non des terres », a ajouté le préfet.
L’est de la zone était étroitement contrôlé par les gendarmes, qui mettaient en place des barrages routiers.
Sur la place de la mairie du bourg de Notre-Dame-des-Landes, une petite vingtaine de militants de l’Acipa, l’une des principales associations d’opposants à l’aéroport, s’étaient rassemblés pour attendre l’arrivée d’élus locaux. Ils se disaient « écoeurés mais pas surpris » par l’intervention des forces de l’ordre.
AFP – NOTRE-DAME-DES-LANDES (France / Loire-Atlantique), 23 nov 2012 –11:03:34