Réouverture de la Bièvre à Paris
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Conformément à leurs engagements de campagne, les élu·e·s écologistes ont porté et obtenu en conseil de Paris l’adoption d‘un vœu permettant d’engager les études de faisabilité technique dès début 2021 pour la réouverture de la Bièvre à Paris.

Retrouvez ci dessous l’intervention de nos élu·e·s en conseil de Paris :

Madame la Maire,
Mes chers collègues,

Chaque été la chaleur nous accable, le manque de nature en ville est criant et les opportunités de créer de nouvelles trames vertes et bleues traversant notre ville ne sont que trop rares. Ce qui semblait hier être une utopie, un doux rêve, pourrait devenir demain une réalité. Cette rivière oubliée qui fut le seul affluent de la Seine à Paris, traversait le 13ème puis le 5ème arrondissement de Paris avant de se jeter dans la Seine à Austerlitz. La Bièvre est pourtant rapidement devenue un cloaque, réceptacle d’immondices et fut progressivement recouverte dès la fin du 19ème siècle.

Depuis, la qualité de l’eau s’est grandement améliorée et plus rien ne justifie que l’eau de cette rivière ne coule dans les égouts et se déverse dans la station d’épuration d’Achères.

Réhabiliter cette rivière, enfouie depuis plus d’un siècle, constitue aujourd’hui une opportunité unique d’apporter de la fraicheur en ville et de créer un véritable corridor écologique. D’ores et déjà, la Bièvre s’apprête à poindre dans plusieurs des communes d’Ile-de-France qu’elle traverse. D’importants projets d’aménagement ont permis et vont permettre la réouverture de la Bièvre comme à l’Haÿ-les-Roses depuis 2016 et à Arcueil et Gentilly où la rivière devrait couler à nouveau d’ici 2021. 

L’exigence d’une ville résiliente, capable de faire face aux canicules qui s’intensifient et se multiplient doit ici nous guider.  Nous sommes à un tournant et les villes ont un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre les dérèglements climatiques et la réduction des inégalités sociales.

Bien plus qu’un simple îlot de fraicheur, la réhabilitation progressive de la Bièvre permettra de recréer une continuité biologique et aquatique jusqu’à la Seine, permettant d’abaisser les températures et de favoriser l’épanouissement de la biodiversité, en grande fragilité.

Le tronçon parisien, long de 6 kilomètres pourrait être progressivement découvert: à commencer par les parcs et squares Kellerman, René Le Gall et Muséum et la rue Berbier-du-Mets où la côte est la plus basse et où il y aura peu à creuser…

L’attractivité d’un tel projet ne se résume toutefois pas à la fraicheur qu’il est susceptible d’apporter.  C’est aussi l’occasion d’apaiser les mobilités, de créer une véritable promenade piétonne végétalisée dans les rues situées le long du tracé qui sera défini.

Au-delà donc de la création d’une trame bleue, c’est une véritable continuité végétale qui pourrait voir le jour et ce, au bénéfice de tous les Parisiens et de toutes les Parisiennes y compris des quartiers populaires.

Accorder à l’eau toute sa place dans la ville, réduire la place de la voiture au profit des mobilités douces et actives, réintroduire la nature en ville, sont autant d’objectifs que nous partageons, au service de l’égalité entre les quartiers.

Réhabiliter la Bièvre, c’est également l’occasion de repenser l’esthétique parisienne, de repenser l’écoulement du temps, au gré de l’eau. Dans l’un des épisodes du « Grand Paris des écrivains » paru ce week-end, collection de courts-métrages documentaires basés sur des textes d’écrivaines et d’écrivains, Maylis de Kerangal décrit Paris comme ville écluse ; une ville-écluse qui au gré de ses canaux, laisse entrevoir la diversité de son « répertoire architectural ». Faire renaître la Bièvre c’est aussi ça : réveiller la mémoire du Paris populaire et ouvrier qu’Huysmans décrit si bien…

Parce qu’il est temps de concevoir nos villes différemment, parce qu’il est urgent de rafraîchir nos villes, nous devons étudier, précisément, les conditions nécessaires pour que ce projet advienne. C’est avant tout une question de volonté politique.

Nous le savons, certaines parties seront plus faciles que d’autres à aménager et nous ne pourrons nous engager d’emblée à découvrir l’intégralité du tronçon parisien.

C’est pour l’ensemble de ces raisons que le groupe écologiste de Paris demande à ce qu’une étude de faisabilité soit engagée pour tout ou partie du tronçon parisien, dans les 6 premiers mois de l’année 2021. Nous veillerons à ce que cette étude offre toutes les garanties d’indépendance, de sérieux et de collégialité nécessaires à une prise de décision éclairée.

Avancer sans tabou, sans dogmatisme ni a priori. Assumer la trajectoire que nous nous sommes collectivement fixée. C’est tout le sens du vœu que le groupe écologiste de Paris dépose, aujourd’hui. C’est le moment d’oser et d’engager des changements structurels pour faire face aux dérèglements climatiques toujours plus nombreux, toujours plus intenses et toujours plus rapprochés.

Nous écologistes, seront toujours les garants de nos ambitions collectives.

Donnons-nous la chance de voir la Bièvre renaître à Paris!

Pour le climat et pour la biodiversité ; pour la justice sociale et pour la qualité de vie des Parisiens et des Parisiennes.

Je vous remercie.