Pas besoin d’aller jusqu’en Amazonie pour trouver une biodiversité riche, l’Île-de-France regorge d’espèces rares de faune et de flore, un trésor insoupçonné pour les naturalistes. Rien que sur deux communes d’Essonne, « on a découvert à peu près 780 espèces !», s’enthousiasme Julien Birard de Natureparif, l’agence pour la biodiversité dans la région. Y compris «des espèces rares, comme le murin à oreilles échancrées, une espèce de chauve-souris, ou le bihoreau gris» un oiseau assez exceptionnel, raconte le naturaliste, qui dressait cette semaine le bilan d’une prospection menée en juin sur ces communes.
Lors de cet «inventaire éclair», une cinquantaine de naturalistes et amateurs éclairés ont aussi répertorié la «spéculaire hybride », une plante en forte régression, des champignons du type caprinus stanglianus classés en danger, des reptiles ou araignées. Des coléoptères, dont des scarabées bousiers (ontophagus), sont considérés comme des espèces à protéger. «Il y a eu six ou sept ontophagus différentes retrouvées sur le territoire prospecté », jubile M. Birard. Un total de 632 espèces avaient été inventoriées dans la Vallée du Petit-Morin (Seine-et-Marne) lors de la précédente édition.
Ces inventaires permettent de tordre le cou aux idées reçues sur la biodiversité dans la région francilienne, plus souvent associée aux immeubles et autoroutes qu’à une nature luxuriante.
1.600 espèces animales sauvages à Paris
«On a tendance à croire qu’il n’y a pas grand chose à observer en Île-de-France, c’est totalement faux. Que ce soit à Paris ou dans des départements limitrophes, il y a toujours des espèces à étudier, à déterminer », relève Xavier Japiot, de l’Agence d’écologie urbaine de la Ville de Paris, coauteur de l’Atlas de la Nature à Paris (Editions Le Passage). «Rien qu’à Paris cohabitent plus de 1.600 espèces animales sauvages, plus de 1.000 espèces végétales et plus de 1.000 espèces de champignons et lichens », précise le naturaliste.
Plus surprenant encore est le nombre des espèces d’insectes inventoriées. «On doit avoir à peu près 20.000 espèces » dans la région, soit la moitié des espèces en France, avance Samuel Jolivet, directeur de l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE). «Les insectes représentent environ 80% des espèces animales, ce qui est une quantité énorme. On est loin de toutes les connaître et de savoir où elles sont toutes », note-t-il. Cette richesse est notamment liée à la «position géographique » de la région, entre influences venues à la fois du Sud et de l’Est de l’Europe » qui favorisent la rencontre des espèces, relève Patrick Haffner, du service du patrimoine naturel au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).
Devant l’intérêt grandissant des inventaires éclair, une autre prospection est envisagée l’année prochaine dans le nord de la Seine-et-Marne, afin de susciter une prise de conscience pour la préservation de la biodiversité.
Par Boniface MURUTAMPUNZI
AFP – PARIS, 02 déc 2012
Crédit photos : Christian Fischer (Coronelle lisse ), Lebrac (petit Coprin pie) et Alain Carpentier (Bihoreau gris)