Inquiétudes suite au départ de Nicole Bricq
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Nicole Bricq

La nomination de Nicole Bricq à la tête du ministère de l’Ecologie avait été particulièrement bien accueillie par tous ceux qui s’engagent pour l’environnement. Serge Orru, Directeur général du WWF France avait déclaré : « Nicole Bricq est une spécialiste de la fiscalité écologique et de la transposition de la directive sur le marché du gaz. Nous accueillons donc avec grande satisfaction sa nomination à la tête du ministère et nous nous réjouissons tout particulièrement du retour de l’énergie dans le portefeuille de l’écologie. » ajoutant que sa nomination représentait « un gage de sérieux et de crédibilité pour mieux intégrer l’environnement au coeur du budget et des politiques publiques« 

Et  Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace,  cité dan le Figaro, avait souligné « Ce qui nous intéresse particulièrement dans le profil de Mme Bricq, c’est son profil de spécialiste des questions financières » avant de préciser « elle va pouvoir faire le lien entre le monde économique et le monde écologique, un lien qui n’est pas souvent fait »

 

Dès son arrivée au ministère, Nicole Bricq avait conforté cette bonne impression en exprimant sa volonté de réécrire le code minier, un code, qui régit l’exploitation du sous-sol français, en sacrifiant l’environnement sur l’autel du libéralisme. Elle avait donc annoncé  – conjointement avec son homologue chargé du Redressement productif Arnaud Montebourg – une « remise à plat » de tous les permis d’exploration pétroliers et gaziers.

Cette décision avait stupéfait l’industrie pétrolière et particulièrement contrarié Shell qui devait démarrer en Guyane, dès cet été,  des forages très profonds. La compagnie risquait de voir ses forages en eau profonde suspendus suite à cette « remise à plat ». Pourtant, ces derniers ont finalement commencé dès mercredi dernier. « Je confirme que les forages ont été autorisés », a déclaré samedi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

L’éviction de Nicole Bricq, peu après ce cafouillage, a sévèrement rabattu l’enthousiasme des associations de défense de l’environnement, à commencer par France Nature Environnement qui dans un communiqué exprime ses inquiétudes : « Ce remaniement intervenant juste après une série de messages contradictoires du gouvernement à propos du projet de forage en Guyane, il est difficile de ne pas voir l’éviction de Nicole Bricq comme la conséquence possible d’un lobby efficace mené par l’industrie pétrolière. Il est vrai qu’en période de crise, le chantage à l’emploi est d’une redoutable efficacité…Au-delà de l’éviction de Nicole Bricq après un arbitrage ministériel défavorable, c’est la réforme du code minier qui risque d’être enterrée. Plus largement, la question qui se pose est celle de la cohérence de la politique gouvernementale : peut-on tout à la fois plaider pour la transition écologique de la société et revenir aux vieilles recettes productivistes ?« 

Pascal Durand, le nouveau secrétaire d’Europe Ecologie les Verts s’est montré plus mesuré, samedi sur RTL : « Je ne sais pas si elle est vraiment partie à cause du forage en Guyane, si c’est le cas c’est très grave. C’est un très mauvais signal que ce gouvernement enverrait à l’écologie et même en général à la société« 

En tout cas personne n’a pu éviter de remarquer, comme Jean Vincent Placé sur Europe 1 : « C’est le seul portefeuille qui a changé, c’est quand même un drôle de message« .

Naturellement, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) a nié catégoriquement qu’il y ait eu de quelconques pressions des lobbys du secteur, à l’origine de cette éviction.

« La réalité des faits, c’est quand même une trahison par rapport aux principes de l’écologie parce que Nicole Bricq avait à juste titre refusé de signer des autorisations de forages en eau profonde au large de la Guyane, ce qui a entraîné une bronca« , a lancé pour sa part la sénatrice UMP Chantal Jouanno, citée par le Figaro. « Le jour où, justement, on constate qu’elle a perdu son arbitrage, elle est reléguée au poste de ministre du Commerce extérieur, certes important, mais dont le périmètre est largement inférieur à celui de l’Ecologie. »

 

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A lire :

 

Sur Libération.fr du 22 juin 2012 :Les dessous de la chute de Bricq

Toujours sur Libération.fr du 22 juin 2012 : Les lobbys sabordent la transition énergétique : Shell et les pétroliers se sont mobilisés pour démarrer les travaux de forage en Guyane ce week-end