Voici les principaux points et hypothèses des quatre grands scénarios de la transition énergétique de la France d’ici 2050, dévoilés jeudi lors d’une réunion du conseil national sur ce débat, organisé par le gouvernement. Sur le papier, tous doivent permettre d’atteindre les objectifs de réduction de 20% des émissions de C02 en 2020 et de 50% d’ici 2050, même si les scénarios « sobriété » et « efficacité » vont plus vite. De l’aveu même de leurs concepteurs, ils restent à préciser.
Scénario « décarboné », le plus nucléaire:
Dans ce scénario, la part du nucléaire est considérablement augmentée, jetant aux orties la proposition de François Hollande de ramener de 75 à 50% la part du nucléaire dans l’électricité.
Les tendances récentes continuent et la croissance annuelle reste significative (+1,7% en moyenne) : l’étalement urbain se poursuit, de même que la hausse du transport de passagers et de marchandises.
La consommation d’électricité est doublée d’ici 2050 –les voitures électriques et hydrides représentent 40% du parc, le chauffage par pompes à chaleur est massif– et la consommation finale d’énergie n’est que légèrement réduite.
La part du nucléaire dans toute l’énergie (et pas seulement l’électricité) s’envole à près de 65%, contre 42% actuellement. Autre point: un recours important aux biocarburants.
Coût d’investissement estimé: 49 à 57 milliards d’euros par an (contre 37 milliards en 2012)
Scénario « sobriété », le plus vert:
Il s’agit de faire coup double: sortir du nucléaire mais aussi des énergies fossiles (plus de 90% de l’énergie en France à eux deux). Dans le même temps, la consommation énergétique est divisée par deux. Le rôle de la biomasse (bois, etc.) est multiplié par dix, à 46% du bouquet énergétique français. Les autres énergies renouvelables passent de 3% à 43%.
Quelque 750.000 logements sont rénovés chaque année, cinq fois plus qu’actuellement. Le vert est de mise dans nombre d’autres domaines : agriculture biologique, recyclage de masse, « arrêt progressif » de l’étalement urbain, coup de frein à la consommation de masse…
Les véhicules sont drastiquement allégés et les vitesses réduites.
Coût d’investissement estimé: 62 à 69 milliards d’euros annuels.
Scénario « diversité », le plus varié:
La réduction de la consommation d’énergie d’ici 40 ans est modérée (-17%), pour tenir compte des 75 millions de Français de 2050 et d’une croissance économique de 1,7% par an. Le prix de l’énergie est alourdi par une « fiscalité énergie-climat » (taxe carbone, etc.)
La part du nucléaire n’est que très légèrement réduite, avec un renouvellement partiel du parc, le relais étant essentiellement pris par les renouvelables hors biomasse, qui passent de 3 à 30%. Pétrole et gaz gardent environ 20% du « mix » énergétique, plus que dans les autres scénarios, avec notamment une généralisation de la voiture à deux litres aux 100 ou roulant au gaz, plus propre.
Coût d’investissement estimé: 48 à 51 milliards d’euros par an.
Scénario « efficacité », le plus local:
La consommation d’énergie est divisée par deux. Un coup de frein est mis sur le transport de personnes et de marchandises grâce à de meilleures politiques urbaines et une « réduction des surfaces tertiaires par employé ».
La part du nucléaire dans l’énergie totale est quasiment divisée par deux, à 24,8%, grâce à une priorité donnée à l’efficacité électrique; les renouvelables dépassent les 50% de la consommation, avec l’accent mis sur la biomasse et la récupération locale de chaleur urbaine et industrielle. Le gaz garde un rôle assez significatif.
Coût d’investissement estimé: 56 à 63 milliards d’euros annuels.
AFP – PARIS, 23 mai 2013
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Le nucléaire et le gaz de schiste, « une trajectoire suicidaire » (Hulot)
PARIS, 23 mai 2013 (AFP) – Ne pas réduire la part du nucléaire et céder à la « tentation » du gaz de schiste est une « trajectoire suicidaire », a déclaré jeudi Nicolas Hulot auditionné à Paris dans le cadre du débat sur la transition énergétique.
« Si nous gardons le nucléaire, et même comme certains le préconisent, nous augmentons le nucléaire, avec le gaz de schiste, la seule chose que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas de dénouement heureux », a déclaré le défenseur de l’environnement.
« C’est une trajectoire suicidaire », a-t-il ajouté lors de la réunion mensuelle du « Parlement » du débat qui réunit une centaine de représentants d’associations, syndicats, élus…
Le Medef plaide, au sein de ce débat, pour prolonger la vie du parc nucléaire français et ne pas se priver des gaz de schiste. Pour sa part, le président François Hollande s’est engagé à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 à 50% d’ici 2025.
« Dans mon esprit il est bien clair que c’est par rapport à la capacité de production d’aujourd’hui, et non la capacité de production de demain », a souligné Nicolas Hulot.
Mettant en garde contre la « tentation » d’aller vers des « solutions qui peuvent apparaître dans un premier temps comme miraculeuses », « l’envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète » a jugé que les deux priorités de la transition étaient la « sobriété » et le développement des énergies renouvelables.
« On doit engager un grand virage historique », a-t-il estimé, rappelant notamment que la France prévoit d’organiser en 2015 la grande conférence climat qui doit déboucher sur un accord ambitieux et global de réduction de gaz à effet de serre.
« Si la France n’a pas d’ici 2015 sa propre part d’ambition, d’audace, de créativité, je ne vois pas comment on pourra entraîner notamment les pays émergents sur le chemin de la transition », a-t-il averti.
Photo en licence Creative Commons : Kuebi = Armin Kübelbeck