Des associations de sept pays européens lancent une vaste campagne de soutien à l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) pour que le 30km/h devienne la règle et le 50km/h l’exception dans les zones urbaines et résidentielles. L’objectif est de rendre à la rue aux citoyens en rappelant que la rue n’est pas qu’un espace de circulation, c’est aussi un espace de vie, confisqué par les voitures. La rue n’est pas la route. Ralentir la vitesse assurera une meilleure sécurité, réduira le bruit et la pollution de l’air, incitera à les citadins à privilégier la marche et le vélo, avec à terme l’apparation d’une ville pacifiée et plus conviviale La commission Européenne ne se saisira de la demande que si l’ICE, pour des villes limitées à 30km/h, récolte au minimum un million de signatures d’ici le 13 novembre 2013.
Pour signer la pétition : fr.30kmh.eu
Vidéo : Interview argumentée de Gilbert Lieutier, Président de Rue de l’Avenir à la Maison du vélo
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Mai 2013 – Tribune de Libération – 30 km/h : redonnons vie à nos villes !
De nombreuses associations environnementales, d’urbanistes, de cyclistes ont lancé une Initiative citoyenne européenne pour la généralisation d’une vitesse à 30 km/h sur la voirie urbaine. Eclairage par les représentants des principales organisations françaises qui soutiennent le projet.
Par JEAN SIVARDIÈRE Président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), ANNE FAURE Présidente de Rue de l’avenir ,GENEVIÈVE LAFERRÈRE Présidente de la FUB.
La rue n’est pas seulement un espace de circulation, c’est aussi un espace de vie. L’automobile a un rôle à jouer en ville mais il faut remettre cette «centenaire» à sa juste place : la rue n’est pas la route. Pour cette raison, de nombreuses associations françaises soutiennent l’Initiative citoyenne européenne pour la généralisation du 30 km/h comme vitesse de référence en ville (www.ville30.org). Les objectifs sont multiples : assurer une meilleure sécurité des usagers de la rue (dans un choc à 30 km/h, la probabilité pour un piéton d’être tué est de 15% ; à 50 km/h, elle passe à 60%) ; réduire le bruit et la pollution de l’air dus au trafic urbain ; inciter les citadins à privilégier la marche et le vélo pour les déplacements de proximité ; plus généralement, pacifier la ville et la rendre plus conviviale. Cette initiative suscite cependant diverses incompréhensions et objections.
Aujourd’hui, la vitesse est limitée à 50 km/h en ville, sauf dans les zones 30 et les zones de rencontre (20 km/h). Il ne s’agit pas d’abaisser uniformément la vitesse à 30 km/h dans toute la ville, mais d’inverser la règle et l’exception : la vitesse de 30 km/h est la mieux adaptée sur 80 % de la voirie urbaine (zones résidentielles, rues commerçantes, voisinage des écoles). Elle facilite aussi un usage tranquille du vélo sans aménagements spécifiques. Le 50 km/h restera autorisé sur les axes de liaison entre quartiers, les rues empruntées par les bus des lignes structurantes et les boulevards dédiés au trafic de transit. Le maintien d’une vitesse à 50 km/h en zone urbaine ne permet pas le plein exercice du principe de prudence : à 50 km/h un choc frontal est le plus souvent mortel.
En ville, un automobiliste ne roule pas à vitesse constante mais effectue une succession d’accélérations et de freinages. L’évitement de pointes de vitesse et la réduction des arrêts, grâce à la suppression de certains feux ou stops devenus inutiles, permet une conduite moins saccadée et moins génératrice de pollution. Par ailleurs une limite de vitesse à 30 km/h permet une réduction du bruit d’environ 3 dB(A) [dB(A) est utilisé pour mesurer les bruits environnementaux, 0 dB(A) étant le seuil d’audibilité pour l’oreille humaine, ndlr] par rapport à une limite à 50 km/h, ce qui est équivalent à une réduction de moitié du volume du trafic. Et, c’est le développement des déplacements à pied et à vélo, rendu possible par l’apaisement des vitesses, qui entraînera la plus forte réduction des nuisances.
Contrairement à une autre idée reçue, une limitation à 30 ne crée pas de bouchons et ne fait perdre qu’un temps négligeable aux automobilistes. Un test sur un itinéraire toulousain de 7,6 km a montré que le temps de parcours moyen passe de vingt-quatre minutes avec une limite à 50 km/h à vingt-sept minutes avec une limite à 30 km/h. Or, la moitié des déplacements urbains se fait sur moins de 3 kilomètres. Une seule vie épargnée vaut bien un effort collectif de réduction de la vitesse !
L’extension de zones 30 à la quasi-totalité d’une ville est efficace sur le plan de la sécurité et de la qualité de vie. Graz, deuxième ville autrichienne (250 000 habitants), a été la première ville en Europe à mettre en place, en 1992, une zone 30 sur l’ensemble de son centre-ville et 80% de la population approuve ce choix. Près de 15% des Britanniques vivent – 20% demain – dans des villes à 20 mph (32 km/h).
En France, cette mesure est déjà en vigueur dans plus d’une quinzaine de villes : Sceaux, Fontainebleau, Clamart, Lorient et les projets sont nombreux (Angers, Rennes, Toulouse, Dijon, Paris…). Il n’y a pas si longtemps, on disait : «Le tramway, c’est bon pour les Suisses ; le vélo, pour les Néerlandais.» Mais le tramway a été adopté dans une vingtaine de villes françaises et connaît un grand succès, et la pratique du vélo ne se développe pas qu’à Strasbourg. Les innovations volontaristes font toujours peur : zones piétonne et de rencontre, tramway, aménagements cyclables, 30 km/h. Mais une fois en place, elles sont plébiscitées !