Place de la République : oui à l’univers piéton, mais pourquoi si lisse et minéral ?
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Christophe Najdovski Place de la Republique

Paris, ville dense, ne doit passer aucune opportunité de végétaliser son territoire.  A l’aune des changements climatiques qui nous attendent, la santé et le bien-être des parisiennes et des parisiens en dépendent. En 2008 a été lancé un ambitieux projet d’aménagement de la place de la République dont les travaux viennent de s’achever.  La place de la République, c’est un immense espace au cœur de Paris.  C’est aussi la place politique de Paris, lieu de luttes, de manifestation, place de bien des symboles.

Le défi pour la transformation de cette place était donc grand et les architectes et urbanistes Trevelo & Viger-Kohler, paraissaient avoir pris la mesure de l’enjeu « Prévoir que la Place puisse s’adapter aux modifications des modes de vie des générations futures.  Dans cet esprit, la future place de la République aura une grande unité et se présentera comme une supersurface ouverte et évolutive. »

Après avoir vu la nouvelle place, je m’interroge. Alors que de nombreuses métropoles du monde ont pris la mesure des changements climatiques et végétalisent leurs centres villes, pourquoi une telle minéralité ?

Repenser le partage de l’espace public en le rendant en priorité aux piétons et aux cyclistes est une préoccupation centrale pour nous écologistes.  Et en ce sens le projet rejoint nos préoccupations et nos objectifs.  En créant le plus grand espace piéton de Paris, la marche vers une redistribution plus apaisée de l’espace public est bien entamée.

Pour autant, dans l’état actuel du projet tel qu’il a été conçu, l’objectif de convivialité sera-t-il atteint ?  Rien n’est moins sûr.  Car cette surface lisse au design épuré laisse peu de place au chaos qui faisait de cet endroit un des lieux de croisement mixtes de Paris « comme un rassemblement éphémère… personne ne se connaît mais il y a quelque chose qui se passe. »

Et l’espace ainsi ouvert saura-t-il répondre aux enjeux climatiques de demain comme l’exprimait une riveraine à l’occasion de marches commentées en amont du projet ? « La verdure c’est un truc, nous dans le 10è, en tant qu’habitante du 10è, on a très très peu d’espaces verts. La place c’est l’opportunité d’en avoir un dans le coin, un autre. C’est un nœud, un lieu de liaison entre plein de choses, donc ça ne sera pas un grand parc, ça j’en suis consciente, mais en même temps, nous, si on peut avoir un peu plus d’espaces verts. » 

Paris affiche aujourd’hui 2,5M2 d’espace vert par habitant-e quand l’Europe en exige 10 et quand Madrid en affiche 16 et Berlin 26.  C’est très peu.  Son cœur est particulièrement touché par la densité de l’urbanisme.

La place de la République c’est 3,6 ha.  Et même si les arbres restent présents et que des miroirs d’eau ont été prévus, en la minéralisant et en la transformant en zone de captage de chaleur, n’avons-nous par laissé passer une immense opportunité pour Paris ?

Christophe Najdovski, candidat écologiste à la Mairie de Paris